Bachelard, G. (1938). La formation de l’esprit scientifique. Paris : Vrin.
Bachelard, G. (1938). La formation de l’esprit scientifique. Paris : Vrin.
Meirieu, P. sur le concept de situation-problème, https://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/situationprobleme.htm.
Quelles sont les raisons qui peuvent conduire un élève à faire des erreurs?
--> Dévolution
L'un des apprentissages les plus importants que j'ai pu faire pendant mon année pédagogique était la clarification des consignes. J'étais déjà entièrement au courant de l'importance des erreurs dans le parcours d'apprentissage ainsi que des mauvais effets de la surcharge cognitive, mais je n'avais pas encore réalisé à quel point la formulation des consignes était cruciale pour la réussite d'une tâche. J'avais pris l'habitude de toujours formuler les consignes seulement oralement, et de ne pas forcément expliciter le temps, la forme sociale et l'objectif de la tâche. Grâce à l'aide de mes enseignants formateurs, j'ai pu découvrir une manière plus efficace d'annoncer la consigne: par écrit de préférence, et toujours incluant les quatre aspects de l'activité: l'objectif, le temps, la forme orale/écrite et la forme sociale. J'ai également appris à insister sur la compréhension par tous les élèves de ce qui est exactement attendu d'eux au niveau des ressources utilisés, du niveau taxonomique, et de la production finale.
J'ai pris le temps de mettre en place une grille d'erreurs dans laquelle j'ajoutais au fur et à mesure les erreurs de mes élèves (anonymement bien sûr), que j'avais analysées en amont et que nous avons ensuite corrigées en plénum. Les élèves ont également été encouragés à avoir une grille d'erreurs personnelle, qu'ils pourraient ensuite consulter avant de rendre des travaux écrits. Les situations de correction en plénum ont servi trois objectifs spécifiques:
J'ai pu constater une diminution dans le nombre d'occurrences des erreurs déjà traitées dans des situations de niveau de complexité égal. Je crois en la réussite de tous, et je suis convaincue que la seule manière de faire réussir ceux qui ont de la difficulté est d'accorder une place plus importante à l'analyse des erreurs, faute de quoi les erreurs ne font que de s'accumuler et de démotiver l'élève.
Ainsi, les consignes clairs, combinés avec une démystification récurrente de l'erreur, une autonomisation des élèves et une prise en compte des obstacles ont permis de rendre les situations d'apprentissage dans mes classes plus rassurantes et productives.
L'importance de l'erreur dans l'apprentissage a fait l'objet de plusieurs publications dans le domaine des sciences de l'éducation. Jean-Pierre Astolfi a dédié tout un ouvrage à ce sujet (1997. L'erreur: Un outil pour enseigner. Paris: ESF), qui démontre que "mettre l'erreur au cœur des apprentissages dépasse largement la sphère technico-didactique pour questionner le sens des activités scolaires". Je considère que l'erreur et l'analyse des erreurs a un rôle crucial dans la réussite de tous les élèves. Cela est d'autant plus vrai pour les élèves faibles, qui profitent ostensiblement de l'attention portée aux difficultés rencontrées lors d'une activité. En effet, je suis d'avis que l'une des raisons pour le part d'échecs dans le monde scolaire est que le parcours des élèves faibles ne leur a pas permis de développer des stratégies qui leur permettraient de tirer un maximum de profit de leurs erreurs. Il est fondamental que l'enseignant aide les élèves à développer ces stratégies, qui font souvent la différence entre les "forts" et les "faibles".
Le développement des stratégies d'analyse d'erreurs va de pair avec une autonomie accrue de l'élève. Les jeunes d'aujourd'hui ont désespérément besoin d'être amenés à prendre la responsabilité de leur propre apprentissage. Les activités scolaires doivent les inciter à l'autonomie, et l'élève doit avoir la possibilité de développer ses stratégies de résolution de problèmes (consultation de ressources et d'experts, réflexion analytique, gestion de projet...). En l'absence d'une incitation à l'autonomie, l'école ne peut pas prétendre de former les jeunes à la vie en société. En effet, c'est le développement de compétences qui semble offrir une solution au dilemme de manque de transfert et d'autonomie des élèves: selon Tardif (2006), une compétence est "un savoir agir complexe qui prend appui sur la mobilisation et la combinaison efficaces d'une variété de ressources internes et externes". Ainsi, en mettant les élèves en situation de résolution de problème ou en leur faisant réaliser un projet, on les incite à faire usage de leurs ressources internes et externes; et c'est exactement là que se développe l'autonomie de l'élève.
Bien évidemment, l'enseignant détient un rôle fondamental dans le processus d'autonomisation de ses élèves. Ce processus est graduel, tout comme l'éducation des enfants: lancer les élèves dans le vide sans aide ni guidage ne conduirait qu'à des frustrations. Les élèves ont besoin de leur enseignant comme guide, qui leur balise le chemin les premières fois, avant qu'ils puissent voler de leurs propres ailes. Comme le dit si bien Philippe Meirieu (https://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/situationprobleme.htm),